Ce secteur a fortement été touché par les effets du virus. Entre mi-février et fin-mars 2020, on estime que le commerce de détail aurait atteint, au plus, une diminution de -53%. D’autres secteurs ont été touchés comme celui du voyage et du tourisme (atteignant la plus forte baisse en termes de trafic, soit - 79%), l'industrie automobile, la vente de bijoux, de montres, des produits de luxe et des produits cosmétiques, qui a connu une hausse spectaculaire de 78,54% en mi-mars.

Concernant les secteurs plus avantagés, nous comptons les détaillants généraux et la grande distribution avec la plus forte augmentation de leur trafic en fin-mars de +200%, les pharmacies en ligne et les médias.

Le déconfinement annoncerait la fin de ce cauchemar pour les marques mais le changement de comportement des consommateurs est à prévoir. D’après Cédric Ducrocq, fondateur du groupe Diamart, le climat restera en post-crise pour un moment. Certains retailers spécialisés, déjà en grandes difficultés et limités en trésorerie, ne pourront pas réouvrir leurs magasins. Il y aurait également ceux qui ont décidé de fermer l’e-commerce car leurs outils n’étaient pas assez flexibles et optimisés pour évoluer, et pour beaucoup, il serait plus intéressant de l’arrêter car cela représente plus de charges. Par ailleurs, pour s’en sortir il faut que l’activité e-commerce soit complètement autonome par rapport aux magasins.

‍

La réouverture des magasins sera délicate. Selon C. Ducrocq, il existe maintenant des débats sur les soldes où on se demande s’il faut les retarder ou les prolonger pour vider les réserves, sachant qu’on ignore encore le comportement qu’adopteront les consommateurs. Il se pourrait qu’il y ait un effet de rattrapage avec une hausse des paniers moyens, ou alors qu’au contraire, les clients ne retrouvent pas instantanément leurs habitudes de consommation et sombrent dans une interaction très forte mais à travers le monde virtuel.  

‍

Les règles sanitaires sont la priorité des retailers. Port du masque, masques à disposition, gel hydroalcoolique à l’entrée, désinfection des cabines et nettoyage renforcé de toutes les zones de contact. En Chine, cela va jusqu’à la prise de température à l'entrée des magasins. Le plus gros problème: l’essayage des vêtements et notamment, des sous-vêtements.

D’après le pneumologue Bertrand Dautzenberg, les magasins pourraient envisager de mettre en quarantaine les vêtements essayés ou retournés pour une demi-journée. Concernant les cabines d’essayages, les rideaux en tissus seraient le plus problématique et il faudrait penser à pouvoir les remplacer en rideaux en plastique, voire jetables. Pour les magasins comprenant beaucoup de cabines, un système de rotation pour espacer le passage entre deux clients serait une meilleure solution.

‍

Aux États-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies recommandent d’aérer l’espace et d’attendre 24 heures avant de nettoyer, si une personne a été infectée ou a présenté des symptômes. De plus, un réaménagement de l’intérieur des magasins est conseillé afin de faire respecter les distances entre la clientèle et le personnel. Le port d’équipement de protection individuelle pour le personnel sera naturellement obligatoire. Enfin, des campagnes de signalisation et de marketing proéminentes sur les efforts d'assainissement et des affichages visibles de nettoyage seront mis en avant pour rassurer et éduquer les consommateurs, jusqu’à passer par les chaînes nationales. L’attente d’une aide de la part du gouvernement est forte déclare Arvind Krishna, directeur général chez IBM.

‍

Le plus gros défi reste la réouverture comme le sous-entend Sonia Syngal, directrice générale de Old Navy du groupe GAP. Le groupe a mis en congé environ 80 000 employés de magasin pendant la crise et a dû réduire les salaires des dirigeants. Au cours des dernières années, la société a eu du mal à rivaliser avec les concurrents de la fast-fashion ainsi qu'avec Amazon et d'autres acteurs du e-commerce.

‍

En France, le chômage partiel est prolongé et concerne aujourd’hui 8 millions de salariés français. Durant les deux à trois premières semaines, il sera peut-être nécessaire de réduire les horaires d’ouverture des magasins car les effectifs pour tenir une journée entière ne seront pas à leur compte habituel. Les banques et assureurs se verront s’engager dans un report des échéances de plusieurs mois.

‍